Reprenant le fil de ce blog, il m'arrive la vidéo de ce groupe, Glauque, qui se produit prochainement à Nîmes. Etrange vidéo, étrange texte, mais qui me semble intéressant d'écouter. Le voici :
mardi 26 mars 2024
dimanche 14 janvier 2024
L'enfant grec
L’Enfant
Les Orientales, XVIII, deux cents ans plus tard, Gaza
« L’Enfant » est l’un des poèmes les plus célèbres des Orientales ; il a peut-être même dépassé en notoriété le tableau de Delacroix peint sur le même sujet, pour devenir le symbole même de la guerre de libération grecque contre l’oppression turque.
o horror ! horror ! horror !
shakespeare. macbeth.
Les Turcs ont passé là. Tout est ruine et deuil.
Chio, l’île des vins, n’est plus qu’un sombre écueil,
Chio, qu’ombrageaient les charmilles,
Chio, qui dans les flots reflétait ses grands bois,
Ses coteaux, ses palais, et le soir quelquefois
Un chœur dansant de jeunes filles.
Tout est désert. Mais non ; seul près des murs noircis,
Un enfant aux yeux bleus, un enfant grec, assis,
Courbait sa tête humiliée.
Il avait pour asile, il avait pour appui
Une blanche aubépine, une fleur, comme lui
Dans le grand ravage oubliée.
Ah ! pauvre enfant, pieds nus sur les rocs anguleux !
Hélas ! pour essuyer les pleurs de tes yeux bleus
Comme le ciel et comme l’onde,
Pour que dans leur azur, de larmes orageux,
Passe le vif éclair de la joie et des jeux,
Pour relever ta tête blonde,
Que veux-tu ? Bel enfant, que te faut-il donner
Pour rattacher gaîment et gaîment ramener
En boucles sur ta blanche épaule
Ces cheveux, qui du fer n’ont pas subi l’affront,
Et qui pleurent épars autour de ton beau front,
Comme les feuilles sur le saule ?
Qui pourrait dissiper tes chagrins nébuleux ?
Est-ce d’avoir ce lys, bleu comme tes yeux bleus,
Qui d’Iran borde le puits sombre ?
Ou le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met, toujours en courant,
Cent ans à sortir de son ombre ?
Veux-tu, pour me sourire, un bel oiseau des bois,
Qui chante avec un chant plus doux que le hautbois,
Plus éclatant que les cymbales ?
Que veux-tu ? fleur, beau fruit ou l’oiseau merveilleux ?
– Ami, dit l’enfant grec, dit l’enfant aux yeux bleus,
Je veux de la poudre et des balles.
8-10 juin 1828.
Victor Hugo, Les Orientales, 1829.
> Texte intégral : Paris, J. Hetzel et A. Quantin, 1880-1926.
vendredi 26 mars 2021
La langue maternelle
« Je ressens la même mélancolie chaque fois que je reviens
en France. L’impression est là que les chauffeurs de taxi de l’aéroport d’Orly
m’adressent un mot en français comme s’ils voulaient me rendre difficile
d’accepter que je suis revenu une fois de plus en arrière. Je suis surpris
d’entendre le même moi-même parler français. J’ai des difficultés d’ailleurs au
début à retrouver la bonne allure, à prononcer clairement les mots, comme si
j’avais oublié la musique de la langue, et à cause de cela, je renvoie toujours
à plus tard la première conversation téléphonique que je dois passer. Quand
finalement je m’y résous j’ai l’impression que quelqu’un d’autre parle par ma
propre voix : je me sens comme un acteur qui se regarde lui-même dans la
version doublée de son film. En fait je m’habitue peu à peu, mais cela, après
tant d’années et le temps nécessaire pour m’adapter, signifie que je ne suis
jamais très bien acclimaté. (…)
J’ai constaté également que j’avais parlé de manière assez
insistante de ma langue maternelle. En cherchant mes mots, souvent, le premier
qui me venait à l’esprit était français. J’avais du mal à utiliser les génitifs
pluriels. Mon grec s’était appauvri, grippé. Je savais que la langue, difficile
à employer, était devenue comme si je disposais en fonction de mon humeur d’une
machine sans les indications d’usage. J’ai finalement réalisé que la langue
avait beaucoup changé depuis que je l’avais quittée, qu’elle avait éliminé un
tas de mots et créé d’innombrables nouveautés, principalement après la fin de
la dictature. À dire vrai, urgemment, d’une certaine manière, j’ai dû
réapprendre ma langue maternelle : il a fallu des efforts, il a fallu des
années, mais je pense finalement y être arrivé.
J’ai continué malgré tout à écrire en français. Je l’ai fait
par habitude, et avec entrain. J’éprouvais le besoin de le parler parce que je
vivais en France. Il m’était difficile de raconter en grec la vie dans
l’immeuble municipal où j’ai passé douze années, le métro ou le bistro du coin.
Toutes ces choses françaises résonnent en moi. De même il m’était difficile de
décrire en français un repas dans une taverne grecque : les gens attablés qui
auraient pu me faire croire qu’’ils parlaient français auraient ressemblé à des fonctionnaires de la CEE !
J’ai donc utilisé le grec pour parler de la Grèce, où je voyageais seul le plus
souvent.
(…) Je ne sais pas si une telle parenté m’amène à maîtriser
les deux langues, mais il me semble que j’en ai trouvé une et, avec tous les
mots qui me conviennent, se trouve un lieu qui me ressemble, une petite patrie
qui n’est qu’à moi. »
Vassílis Alexákis, extrait de Paris-Athènes (1989)
Mon ami Níkos m’ a envoyé ce texte dans sa version grecque
il y a quelque temps. Nous avions parlé de Vassílis Alexákis, qui venait de
mourir. C’est une grande peine. Je crois que la première fois que j’ai entendu
sa voix, il y a longtemps, à France Culture, je l’ai reconnue immédiatement.
Oui, je connaissais cette voix qui s’était gravée dans ma mémoire et qui me
parlait des choses que je connaissais, du voyage, de ces départs et de ces
retours. Jacques Lacarrière parlait des mêmes choses, mais il avait toujours la
distance intellectuelle qui lui permettait de ne pas se laisser emporter
personnellement par le sujet dont il parlait. Il savait peut-être qu’on ne
négocie pas avec la Grèce sans se faire soi-même commerçant. Or la voix de
Vassílis Alexákis me rappelait, à moi, que le commerce avec la Grèce était une
affaire en cours, et qu’elle n’avait pas de fin.
Mais Vassílis Alexákis est décédé le 11 janvier dernier. Je ne nourrirai plus l'idée de le
rencontrer, par hasard, la pipe à la bouche, me promenant à Tinos, où j'ai
sympathisé avec quelques personnes à défaut d'avoir eu le temps d'apprécier la
grande diversité de l'île, de ses marbres, de ses schistes et ses granites, de
ses terrasses maintenant désertes qui témoignent d'une agriculture de montagne
plongée dans la mer, sous les assauts du Meltèmi. Tinos mérite sans doute de
s'y arrêter un peu plus longuement que pour s'étonner de ses pèlerins montant à
genoux, maintenant sur un tapis rouge, jusqu'au sanctuaire de la Vierge, Aghia
Despina.
Regardant la presse, toujours plus pressée de bavardages
insipides, je ne lis au sujet de Vassílis Alexákis, que quelques nécrologies
peu dignes d'intérêt : un écrivain grec, ayant vécu à Paris, arrivé dans la
capitale française pendant la période des colonels... On lira plus
avantageusement la nécrologie du journal Le Monde, même s'il a fallu plus de
quatre jours à ce même journal pour écrire ce papier. J'imagine qu'Alain Salles
devait avoir quelques autres occupations plus urgentes. La nécrologie est parue
le jour du Monde des livres, mais pas dans l'encart. Ça les aurait obligés à
faire le tour de son œuvre qui vaut mieux que la condescendance habituelle des
milieux littéraires parisiens. Eût-il été américain, on aurait dit avec quel
humour, avec quelle distance il se mettait lui-même en mots, dans les
interrogations infinies du voyage, des relations toujours insatisfaisantes avec
les générations antérieures, dans les errances du temps où l’Antiquité et la
contemporanéité se télescopent en permanence, dans les allers — mè epistrofí —
entre Paris et Athènes.
Au moins Alain Salles rappelle-t-il que Vassílis Alexákis était bien du sérail : il avait accompli le cursus d’un bon journaliste formé à
Lille. Ainsi se développe le goût de l’écriture — et du dessin — sur laquelle
on s’appuie pour mieux penser, peut-être pour fixer non ses souvenirs, mais les
émotions qui s’attachent aux personnes et aux lieux.
S’il est un lieu, c’est celui de Delphes où Vassílis Alexákis recherche sa langue, qui est peut-être La langue maternelle. Sous des
questions apparemment anodines se situent de véritables interrogations sur le
monde et les choses. Dans cet epsilon, d’abord en bois, puis en bronze, enfin
en or, accroché au-dessus de la porte du
temple d’Apollon à Delphes, à côté de l’omphalos, il y a peut-être la pensée
d’Hermès ou d’Hestia. Ou encore l’initiale d’Exárchia où tout pourrait avoir
commencé ; ou c’est peut-être encore l’epsilon d’Eros, l’énergie vitale qui
s’oppose à Thanatos pour ne pas tomber dans le piège du christianisme qui donne
à croire à un début et une fin, mais réinsère l’impétrant du voyage à Delphes
dans le cycle des départs et des retours. Mais tout cela ressortit à une vaste
alchimie dont le chercheur doit se dépêtrer d’un texte à l’autre, d’une
citation, d’une précédente enquête linguistique inachevée qui s’est emmêlée dans
des étymologies approximatives. Un peu comme dans ces termes du français qui
sont des adaptations savantes du grec ancien, où les utilisateurs du français
finissent par découvrir derrière le mot apparemment savant l’expression qui, en
réalité, traduit une image simplement populaire, un peu comme ces étranges
ophiolites qui ne sont plus, en fin de compte, que des pierres à serpent,
issues des profondeurs chthoniennes. Tout cela ne ressortit finalement que de
l’aínigma, au retour de Delphes, l’énigme qu’impose la sphinge (ou le sphinx,
juste une question de genre) à celui qui est déjà enserré dans le meurtre et va
nouer le dernier maillon du filet dans l’inceste. Il aurait tort de crier
eureka, celui qui, pour continuer à vivre, doit se contenter de psáchno. Un
autre dira plus tard Άνθρωπον ζητώ, riant de ceux pour qui la vérité — η
αλήθεια — ne s’acquiert qu’à coups de certitudes.
C’est un peu d’ailleurs la même démarche qu’entreprend ce
jeune philosophe, à la demande de Nausicaa, la vieille dame originaire de Tinos
qui n’a pas revu son frère devenu moine au mont Athos, et qu’il va rechercher à
sa demande.
Ap. J.-C., je l’ai relu à Tinos, justement, entre deux
promenades, dont une non loin du sanctuaire, le long d’une montée en escalier
qui m’a amené vers plusieurs maisons abandonnées depuis longtemps sans doute.
J’imaginais les dialogues du départ et les derniers gestes de la fermeture de
la maison, qui s’est finalement ouverte sous les assauts du vent. Les plantes
en pot sur la terrasse, au rez-de-chaussée, étaient desséchées ; un bidon
d’huile de machine traînait, en partie rouillé. Je suis passé par un vieil
escalier à moitié effondré. Il y a eu une famille qui a vécu là, dans cette
vieille cuisine aux carreaux craquelés, à côté de cette autre maison qui
n’était peut-être qu’une villégiature estivale.
De Tinos au mont Athos, en passant par Kifissia où demeure
Nausicaa, la vieille dame presque aveugle commanditaire de la recherche, le
cheminement vacille : parce que cette enclave religieuse qui reste empreinte
d’une vision folklorisée pour les Européens de l’Ouest s’avère en fait plus
compliquée que ne le témoignent les photographies qui en proviennent. Ses
dogmes restent ceux d’une théologie superstitieuse, sentant encore les
présences des démons qui se manifestent à nuit tombée. Le souhait de Nausicaa
est de retrouver son frère avant que sa vie ne s’achève. L’étudiant qu’elle
héberge, et à qui elle a formulé cette demande, hésite, puis entreprend dans
une Grèce en mouvement constant de tenter une approche de ce lieu singulier,
auquel tout Grec religieux a une relation intime, ne fût-ce qu’en pensée.
L’étudiant en philosophie, auquel Vassílis Alexákis n’a pas
donné de nom, appartient à l’autre Grèce, celle qui a rejeté la religion, soit
qu’il établisse la continuité avec la pensée grecque qui a précédé l’arrivée de
Paul de Tarse, — mais aussi la pensée platonicienne qui a fourbi les armes au
même Paul — soit qu’il appartienne à ceux qui, constatant les connivences de
l’Église byzantine avec les Ottomans, puis avec tous les régimes autoritaires
qui ont surgi depuis l’indépendance, considèrent que la religion, syncrétisme
de théologie et de superstition, maintient les Grecs dans l’obscurantisme.
Aussi n’est-ce pas avec enthousiasme que le narrateur entame sa recherche et
son voyage au mont Athos. La préparation de cette quête occupe une grande part
de la réflexion du jeune homme qui interroge, lit, reste à l’écoute des
informateurs qui sont allés, parfois pour des raisons intimes, sur la montagne
sacrée. Les conversations révèlent une femme que la dignité a construite dans
cette relation toujours insatisfaisante à une Grèce qui reste insaisissable,
dans la métamorphose permanente alors que la religion orthodoxe, dans sa
forteresse imprenable du mont Athos, représente précisément ce qui ne peut
changer, jusque dans l’interdit des femmes dans l’enclave autonome. Cette
fratrie de deux êtres, une sœur et un frère, séparés depuis cinquante ans, est
peut-être également représentative de ce territoire en exil permanent — un
exode. De quel rocher, de quelle terre s’est-on arraché pour conquérir d’autres
espaces qui ne sont jamais de vraies conquêtes, mais des repères pour ne pas
totalement s’égarer. Le vrai destin n’est-il pas celui d’Ulysse, sans aucun
espoir de revoir Ithaque au bout de tant d’années ? Et l’île retrouvée,
est-elle bien celle qui avait été quittée, dont les paysages et même la langue
a changé ?
Ap. J.-C. redistribue ces cartes avec les personnages que
l’on croit reconnaître, qui, finalement, appartiennent encore au songe, le
songe dont parle Prospero dans The tempest. Ils ne sont que des doubles de
nous-mêmes.
Mon ami Níkos vient de publier un ouvrage intitulé Ερωτήματα, « Questionnements », dont il m’a envoyé une page. En grec, βεβαίως. J’en parlerai dans un prochain billet.
vendredi 15 janvier 2021
Le dormeur définitif de Charleville
Pour autant, la décision de l'intellectuel gérontophile de l'Elysée ne verse pas dans la justification de la bonne raison : « Je ne souhaite pas aller à l’encontre de la volonté manifestée par la famille du défunt. La dépouille d’Arthur Rimbaud ne sera pas déplacée ».
Lavage des pieds au Choas - Photographie attribuée à Arthur Rimbaud |
mercredi 8 avril 2020
Renato Guttuso peint des poivrons
C'est toujours passionnant de regarder peindre un artiste : quel geste va-t-il initier pour commencer son travail ? Quelle part le dessin prend-il dans son approche où la couleur va cependant trouver la plus grande place ? Que va-t-il résulter de ce moment de concentration où l’œil, le cerveau, puis la main essaient de dire quelque chose du réel ? Que va dire cette nature que l'on dit morte d'une possible vérité ? Et si, justement, une vérité singulière émerge à partir d'un objet qui n'a pas beaucoup d'implication dans la vie une fois récolté, que pourra faire cet artiste d'une autre vérité qui est celle d'un événement dans lequel la vie et la mort sont des enjeux de chaque instant ?
Je renvoie à la biographie de Renato Guttuso qu'on trouvera facilement sur la Toile pour laisser la réflexion se déplacer sur ces thèmes. Et puisque j'en suis à poser ces questions sur le travail de l'artiste, que dirait-il aujourd'hui de cette mort invisible qui se répand sans que nulle part une quelconque frontière ne vienne arrêter son travail à elle ? Le moyen âge a produit, après la peste noire qui a ravagé l'Europe dans les années 1348 et suivantes, d'admirables danses macabres qui sont d'une actualité folle ! Je ne résisterai pas à mettre à la suite une petite vidéo sur les fresques de l'Abbaye de La Chaise-Dieu représentant précisément une danse macabre.
Mais pour revenir à Renato Guttuso, je voudrais insister sur sa démarche qu'il énonce lui-même : peindre ne relève d'aucun mystère, il s'agit simplement de laisser le pinceau traduire un geste simplissime, celui de reproduire l'objet qui fait face à soi.
Appliquant la même démarche à toute situation dans laquelle apparaissent la domination, la guerre ou l'humilité d'une scène de la vie quotidienne, toutes choses qui ont été le prétexte de son travail, on voit surgir la précision de sa pensée ; et, selon sa manière de peindre, son expression reste de permettre à chacun de retrouver un affect ou une émotion par la simplicité-même de cette démarche.
Et un peu de danse macabre, pour se dire que rien de ce qui s'est autrefois déroulé ne peut être négligé aujourd'hui !
lundi 23 mars 2020
Clément Porre
Quant à la page sur Clément Porre, j'ignore ce qu'en fera Wikipédia.
Et comme je voulais évoquer la vie de Clément Porre, je la présente ici dans ce blog. Succinctement, car je n'en sais pas davantage, mais en toute liberté, ce qui devient rare également.
Clément Porre (vers 1985 ?) |
Page de couverture des Lettres à Michèle Reverbel |
Un contrat moral s'établit entre Clément Porre et Michèle Reverbel : il sait qu'il a une destinataire à qui envoyer les lignes qu'il écrit, et Michèle s'engage à conserver les lettres qu’elle reçoit. De 1988 à 1991, environ huit cents lettres sont écrites au travers desquelles se dégage une écriture talentueuse d'une poésie forte, lancinante, qui décrit le quotidien d'un interné en service psychiatrique, son quotidien répétitif et sans horizon, où seul le travail de l'esprit et de l'écriture peuvent constituer un rempart contre l'adversité du système psychiatrique et de la camisole chimique.
Fac-similé de la première lettre |
lundi 17 février 2020
Il est l'heure d'aller...
Jean Sébastien et Hilary
L'album a été publié chez Decca en 2018. Est-ce la musique de Jean-Sébastien qui lui fait ce visage angélique? En tous cas, la grâce est présente, porté par le violon solo dont toutes les harmoniques sont mobilisées dans cette extraordinaire coalition au service de l'émotion.
mardi 28 janvier 2020
Le char et l'olivier
Le film Le char et l'olivier, documentaire long de Roland Nurier, raconte de façon à la fois émouvante et sans concession la manière dont on a ethnicisé le territoire qu'on appelait autrefois "Palestine". Si, au départ, la création d'un Foyer juif permettait aux juifs de retrouver une place que les sociétés européennes avaient du mal à leur accorder, la solution de la création d'un Etat-nation se fit dans les pires conditions, et pour les juifs européens qui s'installaient, et pour les populations arabes qui y vivaient depuis de nombreux siècles. Aujourd'hui, la situation apparaît pire que jamais, par la colonisation progressive de la Cisjordanie qui ne connaît aucun obstacle, et par la situation de Gaza dont les habitants sont enfermés, empoisonnés par une eau polluée, tirés comme des lapins avec des balles explosives ou à uranium appauvri, et sans recours que leur seule détermination à vivre.
Tristes paradoxes que ces argumentations qui s'appuient sur la répression d'un peuple en Europe dont la religion a été racialisée, et qui reproduisent, une fois ce peuple installé sur une terre réinventée "promise", un système d'apartheid - non, le mot n'est pas trop fort, même s'il fait référence à l'histoire de l'Afrique du Sud - qui s'applique dans la société israélienne elle-même et dans les territoires qu'elle contrôle.
Le film apparaît bien diffusé dans les salles. Le sera-t-il plus tard sur une chaîne de télévision ? Souhaitons- le. Voici, pour le moment, la bande annonce du film, ainsi qu'une vidéo courte sur les "Origines du conflit israélo-palestinien en cartes".
samedi 14 octobre 2017
Tre del Caravaggio
Michelangelo Merisi - La vocation de saint Matthieu - 1599-1600 |
Michelangelo Merisi - Dialogue de saint Matthieu avec l'ange - 1599-1600 |
Michelangelo Merisi - Le martyre de saint Matthieu - 1599-1600 |
jeudi 17 août 2017
La vie peinte de Lucian Freud
Working at Night - «Au
travail la nuit» 2005 © David Dawson, courtesy of Hazlitt Holland-Hibbert, Londres |
dimanche 23 juillet 2017
Jean Lurçat - Le chant du monde
Je signale, de manière anecdotique, qu'il est l'auteur d'un petit ouvrage érotique, Roger ou les à-côtés de l'ombrelle, paru sous le nom de Jean Bruyère dont il réalise les gravures.
Son oeuvre est dense, éclectique, humaniste. Elle s'inspire beaucoup de ses voyages, notamment en Méditerranée et en Orient.
Jean Lurçat - Pernambouc |
Son oeuvre devrait être revisitée dans les temps qui viennent : une exposition lui était consacrée l'an dernier à la Galerie des Gobelins à Paris du 4 mai au 18 septembre 2016, pour le cinquantenaire de sa mort.
jeudi 6 juillet 2017
Egon Schiele : le film
Egon Schiele - autoportrait à la chemise rayée , 1910 |
Un film biographique doit sortir au mois d'août prochain : en voici la bande annonce, dont les acteurs semblent vouloir retracer avec fidélité l'histoire réelle d'Egon Schiele. A voir donc dès qu'il sortira dans quelques semaines.
jeudi 6 avril 2017
Pablo Picasso a Vallauris
Voici un documentaire moins connu de Luciano Emmer, de 1954 pour la télévision italienne, la RAI, où l'on voit, avec bonheur, travailler Picasso, poser quelques traits avec assurance sur le papier ou sur la toile, faire surgir une colombe - on sait la place de ce symbole méditerranéen dans l'oeuvre de Picasso - et fumer le four où la forme de la céramique sera définitivement fixée.
Le documentaire est suivi par les témoignages de Salvador Dalí, Joan Miró, André Salmon, d'extraits d'autres documentaires, jusqu'à la décoration de la chapelle de Vallauris où il dessine, en 1951, La guerre et la paix. A déguster.