lundi 17 février 2020

Il est l'heure d'aller...


Depuis quelques années, la grande nécrologie de la belle époque des années 1970 s'allonge ; c'est bien normal, de cette logique implacable qui fait que l'on n'est jamais que cette machine de chair qui finit par ne plus fonctionner. Carpe diem, bon sang, et on a l'impression qu'on en n'a jamais suffisamment profité, de ces instants à goûter la vie pour en connaître tous les ressorts.
Graeme était un gentil, de ces rêveurs qui ne vivent qu'en poésie et d'abord celle des autres : c'est lui qui avait fait connaître Suzanne en version adaptée en français. Belle version, qui conduisait forcément vers celle de Leonard Cohen, et vers tous les textes et la musique que Leonard allait donner au monde.
Leonard a précédé Graeme de quelque quatre ans avant qu'il ne s'en aille également. Reviennent les chansons que l'on chantait lorsque l'on était ado, et même encore un peu plus tard. On repense à la tendresse, mais aussi à la colère et à l'indignation suscitées par la fin — croyait-on — d'une période où le patriarcat montrait tout son ridicule et sa bêtise. 
Petit garçon était mieux que les mièvreries que l’on proposait comme berceuses enfantines, peut-être faut-il un temps où croire au Père Noël ; Jusqu’à la ceinture convainquait que l’armée et son système de soumission et d’obéissance devait être dénoncée dans toute sa stupidité ; La ligne Holworth rappelait le trafic de main d’œuvre d’une époque révolue, pensait-on. Lisant Coke en stock d’Hergé, il était permis de croire que tout cela ne se passait qu’en Mer rouge et au-delà, où un président de la République française laissait croire que la démocratie était pour les pays orientaux un plaisant exotisme. Ironie de l’histoire qui a fait aujourd’hui de la Méditerranée un immense cimetière, où ont péri des gens sur des barques surchargées. Un moment d’histoire entre les deux rives dont l’Union européenne n’a pas fait beaucoup de cas.
Graeme, donc, à réécouter avec tendresse et le souvenir d’une période où il était peut-être plus facile d’aimer simplement.







Jean Sébastien et Hilary

J'ai découvert il y a quelques mois les interprétations d'Hilary Hahn de Jean-Sébastien Bach, et notamment les sonates 1 en sol mineur et 2 en la mineur. Quelle merveille !

L'album a été publié chez Decca en 2018. Est-ce la musique de Jean-Sébastien qui lui fait ce visage angélique? En tous cas, la grâce est présente, porté par le violon solo dont toutes les harmoniques sont mobilisées dans cette extraordinaire coalition au service de l'émotion.




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