Aloïse Corbaz fut une artiste impressionnante par l'ampleur de sa production imaginaire : touchée encore jeune par la schizophrénie, elle s'attacha à dessiner, le plus souvent avec des crayons de couleur, les personnages qui peuplaient son esprit. Princes et princesses réinventés dans l'arrière-plan d'une période troublée, elle peint pour exprimer ce en quoi ses images mentales sont faites : redonner du sens à une vie qui n'en a plus, mettre de la couleur dans un monde vert-de-gris, et dire toute la place qu'à le regard par lequel elle reconstruit son monde. D'immenses yeux bleus sans iris dont la pupille a débordé sa place inondent le visage, recréant d'une autre manière le regard de ses personnages dans une irréalité encore plus forte que celle des véritables acteurs du monde atroce en train de jouer ses propres tragédies pendant la Première Guerre mondiale.
Aloïse est décédée à l'asile d'aliénés de la Rosière à Gimel, en Suisse en 1964. Elle a eu le temps de voir son travail reconnu et encouragé par quelques médecins remarquables, et, alors qu'en France on méprise ce que Jean Dubuffet appelle l'« art brut », la Suisse – la ville de Lausanne – accueille les « Collections d'art brut » parmi lesquelles viennent s'insérer celles d'Aloïse Corbaz. On ne peut décemment pas se permettre de visiter le moindre musée de peinture, où qu'il se trouve, sans avoir en mémoire les images que « l'art des fous » propose en opposition à ce que le monde conventionnel a lentement et savamment établi dans une construction de l'art bourgeois. Cette dialectique des esthétiques opposées est à même de nourrir longtemps une profonde réflexion sur l'usage de l'art dans nos sociétés.
Aloïse est décédée à l'asile d'aliénés de la Rosière à Gimel, en Suisse en 1964. Elle a eu le temps de voir son travail reconnu et encouragé par quelques médecins remarquables, et, alors qu'en France on méprise ce que Jean Dubuffet appelle l'« art brut », la Suisse – la ville de Lausanne – accueille les « Collections d'art brut » parmi lesquelles viennent s'insérer celles d'Aloïse Corbaz. On ne peut décemment pas se permettre de visiter le moindre musée de peinture, où qu'il se trouve, sans avoir en mémoire les images que « l'art des fous » propose en opposition à ce que le monde conventionnel a lentement et savamment établi dans une construction de l'art bourgeois. Cette dialectique des esthétiques opposées est à même de nourrir longtemps une profonde réflexion sur l'usage de l'art dans nos sociétés.
La vie d'Aloïse est racontée dans un film, Aloïse, sorti en 1975 et réalisé par Liliane
de Kermadec, écrit par Liliane de Kermadec et André Téchiné. Dans le rôle titre,
deux actrices se succèdent pour redonner vie à Aloïse Corbaz, Isabelle
Huppert et Delphine Seyrig.
N'y a t'il pas un peu de Lennon dans le personnage de droite et un zeste de Plant à gauche, ou ma raison déraisonne?
RépondreSupprimerCe n'est pas faux, Joseph. Aloïse était visionnaire...
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