Peu de commentaires à faire sur ce Cristo morto appelé encore Lamento sul Cristo morto, tant la force de l'artiste s'exerce là: une sorte d'expressionnisme, qui se joue avec la perspective et la vue en plongée. Le Christ ici n'a pas de visage, puisqu'il est vu sous l'angle de la plongée : il n'est plus qu'un menton, une mâchoire, un semblant de visage aux traits fatigués, car il n'exprime pas la mort, mais le sommeil. Seules les femmes – Marie, vraisemblablement à gauche, et Jean l'Apôtre, dont le visage est seulement esquissé, indiquent, par leurs pleurs, la mort de Jésus. Peinture a tempera (peinture à l'eau) d'une immense audace, Andrea Mantegna se permet un déplacement du regard. La plongée s'oppose à la contre-plongée habituelle, où le Christ, même mort, domine les spectateurs depuis sa croix.Les couleurs sont intrigantes : ont-elles passé avec le temps, ou bien Mantegna a-t-il choisi délibérément une teinte monochrome qu'il décline, jouant sur les ombres, le détail du linceul, comme si plusieurs centaines d'années auparavant, il avait inventé la photographie en couleur sépia.
Le corps apparaît ainsi écrasé, fait tout de chair dont l'esprit est appelé à triompher, et le réalisme des plaies sur les mains et les pieds renforcent encore cette idée d'un corps de souffrance abandonné là sur ce lit. Au-delà du corps, tout son soin de peintre est apporté à la réalisation du drapé qui évoque l'antique dont les peintres de la Renaissance italienne s'inspirent pour assurer encore davantage la majesté des corps, et de l'expression en général. Il n'est jusqu'au détail du tissage de l'oreiller qui renvoie encore le sentiment de relief et de profondeur qui accentue ce jeu de perspective.
On hésite à penser que Mantegna a pu utiliser des corps réels comme modèles, mais on sait que Leonardo da Vinci l'a fait, lui qui lui est contemporain et seulement un peu plus jeune.
Il Cristo morto est une peinture rare, qui joue avec les conventions pour exprimer encore plus fortement la réalité de la souffrance de l'homme mort et de ceux qui le pleurent, délaissant tous les symboles iconographiques utilisés dans les périodes antérieures pour se rapprocher de la réalité du corps supplicié.
La peinture est visible à la Pinacoteca di Brera de Milan.
Le corps apparaît ainsi écrasé, fait tout de chair dont l'esprit est appelé à triompher, et le réalisme des plaies sur les mains et les pieds renforcent encore cette idée d'un corps de souffrance abandonné là sur ce lit. Au-delà du corps, tout son soin de peintre est apporté à la réalisation du drapé qui évoque l'antique dont les peintres de la Renaissance italienne s'inspirent pour assurer encore davantage la majesté des corps, et de l'expression en général. Il n'est jusqu'au détail du tissage de l'oreiller qui renvoie encore le sentiment de relief et de profondeur qui accentue ce jeu de perspective.
On hésite à penser que Mantegna a pu utiliser des corps réels comme modèles, mais on sait que Leonardo da Vinci l'a fait, lui qui lui est contemporain et seulement un peu plus jeune.
Il Cristo morto est une peinture rare, qui joue avec les conventions pour exprimer encore plus fortement la réalité de la souffrance de l'homme mort et de ceux qui le pleurent, délaissant tous les symboles iconographiques utilisés dans les périodes antérieures pour se rapprocher de la réalité du corps supplicié.
Andrea Mantegna - Cristo morto - 1480 |
on reste pantois devant cette technique!
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