lundi 18 janvier 2016

Continuité dans la rupture

Eh bien voilà : je reprends dans ce nouveau blog, sans trop savoir où il me conduit, quelques thèmes que j'ai suivis dans Véhèmes. J'ignore encore comment je les mènerai, mais je conforte ici mes choix politiques, culturels, sans doute avec moins de précautions que je n'en ai mises dans Véhèmes. Mes lecteurs me suivront ou ne me suivront pas : chacun choisit ses engagements. En ce qui me concerne, l'arrêt de Véhèmes correspond aussi à une lassitude de ces routines qui consistent à publier ce que les lecteurs attendent de moins impliquant, justement, comme si le moment d'arrêt sur un blog consistait à ne rechercher qu'un confort ou un réconfort agréable loin des «horreurs économiques», loin des réalités sanguinolentes auxquelles nous assistons aujourd'hui à notre porte. 
En ce sens, je m'étais abstenu de publier quelques textes polémiques qui détonnaient par rapport à l'ensemble des blogs, blogs que par ailleurs j'appréciais lorsque notre confort consumériste assurait les effets de l'opium détrôné.
 Je n'ai aujourd'hui pas de raison, faisant peau neuve, de m'en abstenir. Il ne s'agit plus d'avoir des mouvements d'humeur, mais de se défendre contre l'avilissement progressif qui entoure notre société, des petites phrases aux idées de plus en plus crispées que l'on ne s'étonnerait pas de voir dans la bouche de leaders populistes, mais que la longue histoire du mouvement démocratique ne peut accepter dans la bouche de ceux qui sont censés défendre une éthique de société : la cohésion citoyenne, la justice dans la cité. Ceux-là, par lâcheté peut-être, par goût du pouvoir sûrement, et parce que la tentation de la caricature de l'ordre reste la plus forte, nous rapprochent, je le redis, de ce que les générations antérieures ont connu, peu ou prou dans la plupart des pays d'Europe. 
Oui, je suis sûr qu'il faut s'en défendre, chacun à sa manière. La mienne étant bien pauvre, je reste persuadé que la culture, d'où qu'elle vienne, le goût de la beauté, de la sensibilité à la poésie, à la musique, aux arts en général, restent un moyen d'exprimer ce que l'on souhaite de meilleur pour le monde en refus de toutes les violences, physiques comme symboliques, et d'où qu'elles viennent elles aussi.

Et ce blog commence d'abord à un hommage à Franco Citti, disparu le 14 de ce mois, qui a souvent accompagné mon imaginaire dans les pérégrinations pasoliniennes. Dans la vidéo qui suit, Franco Citti raconte, en italien la manière dont Pier Paolo Pasolini avait imaginé les scènes d'Accatone. Ciao, Franco !





Et pour ne pas rester sur une note trop triste, voici une magnifique prestation d'un groupe de danse arménien : Forceful feelings, «Sentiments vigoureux». De très beaux danseurs, pleins d'énergie. Un seul petit regret : le Carmina burana de Carl Orff, auquel je suis définitivement allergique.

Réchauffez-vous vigoureusement !

5 commentaires:

  1. Vous avez raison.
    Personnellement, je venais sur votre blog par confort et en réconfort du monde et de mon monde.
    Ca n'est pas totalement illégitime.
    Si vous me le permettez, j'ajouterais à vos formes de résistance (qui sont loin d'être pauvres), celle de la relation à l'autre où, parfois, il nous faut déployer une profonde créativité.
    Marie

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  2. Très interessante cette vidéo de "male dancers". Carl Orff ne me derange pas plus que ça (je sais ce que ca représente, mais il y a quand même de la puissance dans cette musique). MAis je trouve surtout Orff totalement minable à côté de ce qu'il y a avant, qui est vraiment très très beau, tant du point de vue du ballet que de la musique. Merci! où as-tu trouvé ça?

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  3. Non, Marie, le confort n'est pas illégitime. Et le confort est justifié par l'hiver, pour faire une allusion à l'Arthur de par chez vous. Mais c'est également maintenant le temps de la cruauté, celle de l'Antonin. J'abandonne les analgésiques et les pompes à morphines : il faut endurer les maux de têtes, les maux de cœur, les rendre plus vifs, ne plus mettre de baume sur les plaies. C'est seulement une question de choix. La cruauté comme vérité due aux malades.

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  4. Oh, de la puissance ! Tu mets une rythmique basique bien binaire, des timbales, les chœurs de l'Armée rouge prêts à franchir la Beresina pour aller casser la gueules aux Frantzousses, et tu as du Carl Orff. Pour le Carmina Burana, je conseille plutôt la version du Clemencic Consort, bien plus en finesse. Quant au ballet, quatre mecs bien gaulés, le sens du mouvement, c'est un plaisir. Trouvé sur Youtube, tout simplement !

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  5. Mais il peut y avoir les 2, la cruauté de la "vérité due au malade" et le baume sur leurs plaies.
    Sinon, je ne sais pas comment il faut faire pour vivre.
    Belle journée, Céléos
    Marie

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